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MiSs CAtS
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17 décembre 2011

A LièGe CoMmE à FLorEnCe, La PlUiE est éCarlaTe

Puisque je n'arrive pas à dormir et que le soleil s'est couché hier vers midi sans prévenir, je laisse trainer mes doigts agités sur un clavier qui a été un peu bousculé les dernières heures.

Tout va bien, rien à signaler. La lune bleuit un peu le sol de mon salon et ceux que j'aime dorment paisiblement.

Il est minuit ici, à Montpellier et là, à Liège mais aussi à Florence. Je ferme un instant les yeux et j'imagine la Place Saint Lambert brillante d'éclairages festifs peut-être reflétés par le sol patiné d'eau d'où se détache fièrement le majestueux Palais des Princes Évêques. Puis, je vois la magnifique Florence, je l'imagine plus belle que jamais sous les lumières desfêtes de Noël dans ce pays qui y voue tant d'importance.

Quelques passants Liégeois regardent sans doute à cette heure la Place comme un vestige de quelque chose qui a basculé en eux.
J'imagine que quelques Florentins boivent un dernier verre de vin en repensant aux deux citoyens morts à la Piazza Dalmazia.

Je ne peux m'empêcher de penser à ces autres tueries incompréhensibles aux USA, en Norvège, ...Ça m'avait touché mais je n'étais pas bouleversée. Pas comme cette nuit. Je repense à tous les autres massacres auxquels j'ai assisté depuis mon salon, un restaurant, un bureau, la maison d'un ami et je me souviens que j'étais affectée mais pas chavirée. C'était loin, ce n'était pas le même régime politique que chez moi enfin, toutes ces
choses qui nous protègent d'un sentiment de proximité, du fameux " et si c'était mon enfant? mon père? ma mère? mon mari/ma femme?" J'étais jusqu'à hier dans ma cuirasse d'usures médiatiques, formatée d'images sanguinaires banales me berçant de l'illusion du " c'est loin, c'est différent, ce n'est pas ici".

La cuirasse vient d'exploser. Je vois, j'ai les yeux exorbités sur une horreur qui est vue quelque part dans le monde comme quelque chose de " touchant". Peut-être un peu plus, mais à l'autre bout de la terre, un Californien a lu la nouvelle sur son Smartphone et va se boire un expresso en se demandant si son boss va lui verser sa prime de fin d'année, une Grecque a reposé le journal en se demandant si elle trouvera le moyen d'offrir un jouet à sa fille pour Noël.Comment leurs reprocher ?

Pourtant, ce 13 décembre 2011, vers 12:30, deux meurtres sont commis à Florence et pratiquement au même moment, à Liège, une fusillade meurtrière. D'un côté des victimes d'un racisme extrême et de l'autre, d'une folie inexplicable. Les deux auteurs se sont ensuite suicidés d'une balle dans le front pour Nordine et d'une dans la bouche pour Gianluca.Comme si se supprimer supprimerait leurs crimes.

Je ne dors pas, je n'en ai pas envie. J'ai lu tous ces forums belges où la haine raciale a enfoncé un peu plus le clou de l'atroce dans le tableau et je pense aux deux Sénégalais. Ils étaient considérés comme de sales étrangers par un Européen, Italien, qui a décidé qu'ils devaient quitter son sol. Ce sol qu'il considérait sans doute comme le sien et qu'ils n'avaient rien à y faire. L'Italie est sous le choc, Florence est en deuil.

ELLE FLINGUENon, je ne dors toujours pas; je vois les deux Sénégalais,je vois le visage de Gabriel et je vois les visages de la colère. Le visage de la colère juste; celui qui veut comprendre, déterminé à faire changer les choses, à protéger et à dénoncer les rouages, les erreurs inadmissibles d'un système judiciaire et politique. Le visage de la colère désespérée ; celui qui pleure, qui souffre, qui veut la réparation, les excuses.
Puis je vois ce visage de colère-ci; celui qui effraye, celui qui vomit la haine, la rage, l'animalité, la vengeance aveugle.

Ce visage-là grogne et ressemble au cri d'un Florentin raciste et xénophobe qui a assassiné hier de sang-froid deux hommes...


Miss Catsou Cats, hydro & bloody-phobique

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