Charlie au pays des extrémistes et des polémiqueurs

11 septembre 2012, le film lancé près de Los Angeles par une association caritative chrétienne «  Guerriers du désert » dont l'auteur serait un copte égyptien du nom de Nakoula Basseley Nakoula met tout le monde arabe en ébullition pour parodie anti-islamiste. Bilan ; 2 morts en Egypte , 2 à Tunis, 4 en Lybie, 5 dans le nord du Liban et 2 au Soudan sans compter les innombrables blessés un peu partout dans le monde.

Les médias analysent les faits : une polémique est à nouveau lancée sur le sujet, les limites se croisent, l'opinion publique s’esbroufe, les esprits s'échauffent. Les guerres de religions sortent leurs drapeaux et les parties concernées utilisent la carte soit de l'outrage, soit de l'abus.

D'un côté l'équipe du navet qui n'aurait jamais du dépasser la semaine en salle se frotte les mains grâce à une parodie ridicule prenant des allures de bombe nucléaire et promet une ressource inépuisable de polémiques où tous pourront se servir. « Ne vous inquiétez pas, il y en aura pour tout le monde, chacun son tour ! Madame s'il vous plaît, faites la file comme tout le monde ! ». Hurlements, cris mondiaux mais en réalité, ce petit film imbécile ravit tout le monde. Les intégristes de tous poils toutes religions confondues peuvent enfin enfoncer le clou très profondément dans la tête de certains croyants en mal de reconnaissance, de sens et qui jusque là se refusaient à tomber dans le piège d'idéologies détournées de leur croyance. De l'autre, les défenseurs d'opinions, les lanceurs de polémiques, les auteurs en mal d'inspiration, les journalistes en mal de scandale, les journaux en manque de trésorerie,les politiciens en mal d'électeurs, les racistes en manque d'expression.Les derniers en ont marre ou confondent guerre de religions et guerre d'opinions.

Hier matin, un gosse insolent et irresponsable est sorti du lot de cette faune enragée : le petit Charlie.Par pur besoin égocentrique ou d'obsession du dernier mot, Charlie voit en cet événement une magnifique aubaine de faire parler de lui, d'attirer tous les regards sur son joli dessin qu'il tend fièrement la morve lui coulant du nez tout en prétendant avec vanité qu'il ne craint pas les représailles, qu'il est grand et fort, qu'il défend la noble cause de la liberté de la presse.La dernière fois, ça lui avait d'ailleurs plutôt bien réussi; rupture de stock, pubs gratuites, augmentation tarifaire du journal victime de son succès. Et bingo: rebellotte! Bravo Charlie, t'es trop fort! 

Fracas collatéral, les expatriés français craignent maintenant pour leurs vies, les musulmans,même les plus modérés ne peuvent qu'y voir l'insulte, le mépris, la méchanceté gratuite, le harcèlement.

Mais ça le petit Charlie n'en a que faire. Il était à court d'argent de poche et il n'allait tout de même pas cracher sur ce puits de pétrole parce que quelques barbus sanguinaires ont imposé le silence, le respect, la soumission.

Il est pourtant passé de l'autre côté de la barrière ; il joue aux billes aux côtés des extrémistes en tous genres et accuse ses adversaires de ne pas respecter les droits les plus élémentaires et ses règles du jeu.

Une fois de plus la liberté est bafouée et on tombe tous dans le panneau.On en abuse pour en avoir plus puis on la perd pour ne pas avoir compris qu'elle ne supporte pas les maquillages, les revendications minables cachées derrières des idéaux. On salit ceux qui nous dérangent en son nom mais il ne s'agit pas de la liberté.Il n'est plus question que de terres d'opinion suprême, de territoires du je gagne donc tu perds, de je suis plus fort que toi donc tu dois te taire.

Mais ne soyons pas dupes car en chacun de nous sommeille un « Charlie » ou un intégriste aux chevilles dévoilées pour afficher son humilité. Et il n'y a aucune différence entre l'un et l'autre parce qu'il n'y a aucune différence entre user des plus belles idéologies pour remporter la palme de la meilleure opinion- rémunératrice- quitte à attiser la haine et gonfler une parodie sans envergure en missile de clichés blasphématoires pour rallier un maximum de croyants à une cause déformée et opaque.

La guerre n'arrive jamais que par manque de discernement.

Catsou Cats, entre colère ascorbique et cyanhydrique